lundi 8 décembre 2014

La malédiction de la princesse d’Altaï


Cette histoire a commencé en 1993. Un groupe d’archéologues russes effectuaient des fouilles d’un tumulus situé sur le plateau de l’Oukok, dans l’Altaï, à la frontière entre la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie et la Chine. Les chercheurs ont eu une grande chance de découvrir une sépulture ancienne.

Dans la tombe il y avait des restes de dix chevaux avec des selles et un grand sarcophage en bois avec des clous en bronze. A l’intérieur se trouvait le corps momifié d’une jeune femme. La momie était dans un bon état parce qu’avant l’inhumation, le sarcophage avait été rempli de morceaux de glace. Les chercheurs ont réussi à déterminer l’âge de la sépulture : environ 2 500 ans. Les spécialistes tant russes qu’étrangers étaient unanimes en disant que cette découverte constituait l’une des plus grandes découvertes archéologiques de la fin du XXe siècle.

La momie était couchée sur le côté avec ses jambes légèrement pliées. Sa chemise de soie, sa jupe de laine, ses chaussettes de feutre et son manteau de fourrure, on en a retrouvé des restes. Elle avait le crâne rasé et ses bras et ses épaules étaient criblés de tatouages d’animaux et d’oiseaux. La femme avait environ 25 ans lorsqu’elle est décédée. Elle appartenait vraisemblablement à une famille noble. Les archéologues l’ont donc appelée « princesse d’Altaï ».

Pour un examen plus approfondi, la momie devait être transportée dans un laboratoire spécial. Elle a donc été mise dans un hélicoptère. Mais pendant le vol le moteur s’est arrêté d’un coup et c’est avec de grandes difficultés que le pilote a pu atterrir. Cet accident était le premier d’une série d’évènements tragiques.

Peu de temps après, il y a eu des cataclysmes qui se sont abattus sur l’Altaï. Les séismes ont détruit des centaines d’habitations, les inondations ont détruit la récolte. Les habitants locaux ont alors parlé d’une « malédiction de la princesse d’Altaï ». Les personnes issues des peuples autochtones de la région affirment que les archéologues ont troublé le sommeil de la Grande Ancêtre qui gardait l’entrée d’un royaume souterrain. Lorsque les chercheurs l’ont déplacée, les forces du mal ont pu s’échapper et causer des malheurs aux humains. Il faut donc que la momie revienne dans sa tombe.

Les chercheurs ne veulent pourtant pas se séparer de la momie qui est extrêmement importante du point de vue scientifique. Ils sont convaincus que la « malédiction de la princesse d’Altaï » est un mythe comme celle des pharaons égyptiens. Il y avait des séismes dans l’Altaï avant les fouilles, et les inondations et les fortes pluies sont les conséquences du réchauffement climatique. Les cataclysmes naturels ont leur explication scientifique, et les superstitions et les forces de l’au-delà n’y sont pour rien. Il y a d’ailleurs eu plusieurs autres momies qui ont été découvertes dans l’Altaï depuis ces dernières décennies. Leurs tombes ont été ouvertes, leurs restes ont été examinés mais cela n’a jamais été suivi d’événements terribles.

Depuis ces dernières années, le plateau de l’Oukok, où la sépulture de la princesse a été découverte, attire pourtant de nouveau l’attention des chercheurs. Ceux-ci ont découvert d’étranges lignes longues de quelques kilomètres qui traversent le plateau. Ces lignes ont été tracées à une époque très ancienne et ne sont visibles qu’à la hauteur d’un vol d’oiseau. Mais les gens de cette époque-là ne savaient pas voler. Comment ont-ils pu contrôler la création de ce « marquage au sol » aussi complexe et impossible à voir depuis la terre ? Il y a plusieurs explications, y compris certaines très exotiques : il y a des milliers d’années, le plateau de l’Oukok aurait servi de « cosmodrome » pour les vaisseaux spatiaux. Est-ce leurs commandants -ci qui auraient tracé les lignes de leurs « pistes de décollage » ?

On a également découvert des géoglyphes sur le plateau de l’Oukok. Ce sont de grands dessins faits à même le sol. Ils représentent des griffons, ces créatures légendaires ayant le corps d’un lion et la tête d’un aigle. Ces dessins ressemblent beaucoup à ceux des tatouages de la princesse d’Altaï.

Depuis 2012 la momie se trouve au Musée national à Gorno-Altaïsk. Elle est conservée dans une salle à part, dans un sarcophage spécial où elle est maintenue en permanence dans un microclimat optimal.


Il d’agit peut-être d’une coïncidence mais depuis deux ans, l’Altaï est épargné par les cataclysmes. Est-ce que la princesse a mis de l’eau dans son vin ? Pourtant nombreuses sont les voix qui se lèvent pour l’inhumation de la momie. C’est qu’il pourrait bien s’agir du calme avant la tempête.

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